« La danse fait de moi un membre à part entière de la société » : entretien avec Christian Kossa

Article : « La danse fait de moi un membre à part entière de la société » : entretien avec Christian Kossa
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8 juillet 2021

« La danse fait de moi un membre à part entière de la société » : entretien avec Christian Kossa

Du haut de ses 32 ans, Christian Romain Kossa vit pleinement de sa passion pour la danse. Grand passionné, travailleur, professionnel et engagé, cette passion l’a tout récent à la découverte du master Excece une initiative du Centre chorégraphique National de Montpellier en partenariat avec l’Université Paul Valéry 3 où il côtoie ce qui se fait de mieux dans cet univers qu’il affectionne tant. Sa formation débute à L’institut National Supérieur des arts et de l’Action Culturelle (INSAAC) d’Abidjan et se peaufine lors du stages de perfectionnement à Toubab Dialaw – Sénégal, à Ouagadougou & Bobo-Dioulasso au Burkina Faso auprès des danseurs, de chorégraphes et de pédagogue de renommée internationale. Christian Romain Kossa ne cesse d’envoyer plus loin la danse qui est plus qu’une passion pour lui. Rencontre.

Qui est Christian Kossa ?

Christian romain Kossa est Chorégraphe, performeur et enseignant de danse originaire de Côte d’Ivoire. J’ai été formé à L’institut National Supérieur des arts et de l’Action Culturelle (INSAAC) d’Abidjan de 2010 à 2017. Entre 2016 et 2018, j’ai suivi des formations complémentaires à l’ECOLE DE SABLE au Sénégal , au Centre de Développement chorégraphique LA TERMITIERE à Ouagadougou et à l’espace ANKATA à Bobo-Dioulasso.

Comment avez-vous commencé à danser, comment en êtes-vous venu à cette formation artistique en France ?

Comme je l’ai dit plutôt, j’ai été formé à l’INSAAC. Avant 2010, je ne savais pas lever un pied après l’autre. Comme on dit chez nous j’avais deux pieds gauches. Tout ce que je sais de la danse ; je l’ai appris à l’INSAAC, pendant les stages et dans les compagnies où j’ai évolué. A vrai dire, je n’avais jamais imaginé une carrière de danseur. Rien de mes anciennes habitudes ne semblait prévoir cela. Tout est parti d’un coup de cœur devenu plus tard un coup de tête. Depuis tout petit, j’étais un fan de théâtre. J’étais très souvent parmi les personnes choisies pour le mime de la naissance de l’enfant Jésus ou d’autres histoires marquantes de la foi catholique. J’intègre l’INSAAC en 2010 dans l’intention d’en ressortir comédien ou réalisateur. La première de formation (tronc commun danse- théâtre) a été un moment décisif. Séduit par la danse, je décide d’en faire une spécialité l’année suivante sans tenir compte des mises en garde. Les choses semblaient impossibles certes mais c’était mal connaître mon goût inné pour les défis. J’ai choisi de foncer droit dans le mûr.

Racontez-nous un peu votre parcours ?

En 2010, j’intègre l’ INSAAC pour devenir comédien ou réalisateur. Contre toute attente j’opte pour la danse. Ainsi commence un périple décoré de transpiration, de chutes, pleurs, frustrations, moqueries… En 2013, j’intègre la compagnie artistique KASSOU-TRIavec laquelle je vais énormément apprendre. À partir de 2016, je sens le besoin de confronter mes acquis à d’autres réalités hors de la Côte d’Ivoire. J’opte donc pour des stages de formation et des festivals dans la sous-région ouest-africaine. Mes voyages me conduisent au Sénégal, au Burkina Faso, au Malin au Togo, au Ghana, en Tunisie et maintenant en France. Depuis 10 ans, je travaille à peaufiner ma pratique de la danse et de la chorégraphie. J’espère passer à l’étape de la création et de la diffusion dans les 10 années à venir.

Faites-vous un autre métier en dehors de la danse ?

Le seul travail que j’ai fait en dehors de la danse c’est celui d’aide maçon (manawa comme on dit chez nous) . S’il n’y avait pas eu ce petit gombo, je n’aurais jamais pu financer mon test d’entrée à l’INSAAC.

Avez-vous été soutenu dans votre métier dès le départ ?

Des subventions, des appuis d’institutions internationales… non. Mais un soutien moral et financier… oui. Proches, condisciples, des partenaires de rêve… m’ont tendu la béquille. Godé Jean Serge, ma famille, Fernandez Sia, Bamba Hassan Saïd & la famille KASSOU-TRI ont toujours été là pour moi. Mes voyages à l’extérieur ont commencé à grâce à la main tendue de Salia Sanou Chorégraphe Burkinabé. Main tendue qui m’a permis de côtoyer de personnes exceptionnelles qui illumine chaque moment scénique.

QUELS ONT ETE LES PLUS GRANDES DIFFICULTES A VOS DEBUTS ?

Travailler 4 fois plus pour être à la hauteur des excellents danseurs qui étaient mes camarades de classe. Il fallait trouver une place parmi des danseurs vétérans des compétitions de danse télévisée wozo et varietoscope.

Votre plus beau souvenir en tant que danseur ?

Pour quelqu’un qui a commencé au bas de l’échelle, chaque souvenir est marquant. Mais je dirai que le plus beau souvenir récent remonte à février 2020. Standing ovation début février 2020 après une performance au Centre chorégraphique national de Montpellier. C’est à ces moments qu’on se rend compte du chemin parcouru.

Qu’est-ce que la danse vous apporte aujourd’hui?

La danse me donne confiance en moi, place danse la société. La danse fait de moi un membre à part entière de la société. La danse me procure les ressources pécuniaires nécessaires pour subvenir à mes besoins et ceux de ma famille. La danse me fait exister, me fait être moi Christian Romain Kossa .

Comment décrivez-vous le métier de danseur ?

Je fais le meilleur métier au monde. Il s’agit d’une activité professionnelle à la fois ludique et lucrative. On me paie pour faire ce que j’aime. On me paie pour partager ma joie de vivre autres. À travers mon langage corporel j’apporte joie et bien être. Je questionne les habitudes, les conforts. Je philosophe, je porte une réflexion critique sur la société. Mon métier m’ouvre au monde, et m’envoie à la découverte de la nouvelle civilisation.

Le métier nourrit-il son homme ?

Bien sur que oui. Je ne dors pas dans les rues, ni sous un pont. Les miens ont le minimum vital indispensable pour être heureux. Je suis heureux, c’est l’essentiel. Évidemment, il y a des difficultés. Mais je crois que les difficultés sont faites pour être aplanies. Il faut gagner sa vie à la sueur de front.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Mon travail se nourrit essentiellement des questions sociétales. Je m’inspire de mes souvenirs, du quotidien, de situations vécues, lues et entendues. Dans la construction de mes spectacles, je recherche un traitement chorégraphique qui oscille entre narration et abstraction.

Vos perspectives dans cinq ans ?

Donner du travail à de jeunes danseurs à traverser les tournées de mes spectacles. Permettre à tous ces amis rêveurs comme moi de vivre de ce métier passionnant et difficile qu’ils aiment tant.

Quelles sont les qualités indispensables pour faire le métier de danseur ?

Un maître m’a dit un jour que la réussite dans ce métier dépend à 80% de travail et à 10% de chance. À cela je pourrais ajouter travail, formation, rigueur, intrépidité, abnégation et encore du travail.

Quel regard portez-vous sur l’évolution de la danse en Côte d’Ivoire ?

La danse en tant que profession en Côte d’Ivoire en constante évolution même si les résultats ne sont pas encore atteints. J’apprécie l’engagement de tous les collègues, qui ne se laissent pas décourager par les difficultés. Ne jamais abandonner.

Quels conseils avez-vous à donner aux jeunes, à mais abonnes qui veut embrasser le métier ?

Que dire d’autres sinon de travailler davantage. Il n’y a rien d’impossible à celui qui croit en ce qu’il fait. La faim, la galère, les moqueries ne sont pas des freins plutôt du kérozen pour décoller.

Quelques liens de vos spectacles…

https://www.youtube.com/watch?v=KpKzbTbvEwM (obligatoirement mentionné vidéo par Rubén Pioline)

https://www.youtube.com/watch?v=74VvYWCUk1o

https://www.youtube.com/watchv=rk2VEsEhxTM&list=UUssfmIVGcjJ1CaaSnuvvb3Q&index=10

https://www.youtube.com/watch?v=pKpkfdG8A8o&list=UUssfmIVGcjJ1CaaSnuvvb3Q&index=9

DOUADI WILSON MEUHON
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